Sortie d’album: La foire aux animaux de Porcelaine
Le groupe Porcelaine lançait son premier album, La foire aux animaux, sur les planches d’un certain Divan Orange le 2 mai dernier. Ne pouvant y être, j’avais reçu, il y a de cela très longtemps, l’ensemble de leur oeuvre et cela m’a d’ailleurs obsédée pour un temps. A jalonné mes nuits d’insomnie de façon tout à fait exquise. M’a trottée dans l’esprit… plus qu’il n’en faut.
J’aime la découverte. J’aime la nouveauté… mais surtout? J’aime le talent. Voici Porcelaine.
LA FOIRE AUX ANIMAUX: L’ALBUM
Une introduction inspirée du meilleur des années 70, avec l’entrée progressive des claviers, de la flûte traversière, des échos lointains d’une guitare concupiscente, des harmonies vocales tout à fait magistrales, un piano bien présent et délectable en même temps… tout cela pour migrer vers un folk clair, tangible et intemporel? C’est ça, et tout cela à la fois, Porcelaine. L’album s’ouvre sur Ange, un peu comme si les viscères de la nostalgie s’étaient dotés de mots pour en exprimer toute la profondeur émotive… Les premières paroles me touchent, m’envoûtent, et déjà je suis conquise… « J’ai mis le feu à tes ailes… » Entre deux mots, une texturisation profonde des rythmes… Entre deux refrains, juste nos maux mis à faux pour nous donner espoir un tant soit peu de s’y trouver juste un peu mieux…Machine et machin, la deuxième pièce de l’album, corrobore tout à fait la mise en contexte de la précédente, avec toutefois plus d’aplomb encore, plus de couleurs, ou juste plus d’ampleur. L’intro colorée du piano comble mon coeur de bonheur, et cela revient à répétition tout au long de la pièce… Les power-pop synthétiseurs à saveur électronique, appuyés d’harmonies vocales tout juste en assises ainsi que de paroles magnifiques m’inspirent le meilleur de ce qui s’en vient… C’est imagé, espiègle, malicieux, et c’est un peu tout ce que je veux… « Ferme-moi les yeux et tiens-moi la main » C’est exactement ce que j’ai envie de crier un peu tout le temps, un peu trop souvent.
Tout au long de l’album, quelques accords sont inquiétants, toujours appuyés par de graves paroles tout à fait honnêtes et d’un piano qui joue, en mineur, toute l’ampleur de ces mots qui nous chagrinent… mais qui se migrent progressivement vers un ailleurs encore plus meilleur. Les onomatopées d’Aurores Boréales, marquée à la fois de paroles rêveuses, d’accordéon mélancolique et de mélodies accrocheuses, me reste autant dans la tête… que dans le coeur. Langue de bois? Probablement issue de la terre du milieu, celle-là qui se terre dans nos tripes, celle aux influences indigènes avec ses accents de flûte traversière, de ruine-babine, de percussions anodines et de guitare ambivalente, sert absolument bien le propos… Celle-là, justement, celle que je préfère jusque dans mes tripes à moi…OHHH YEAH!
Rose? Tranquille. Comme de l’eau qui coule. De l’eau qui coule tranquillement. Un peu comme comme l’écho des accords qui se réverbèrent en dehors… d’où émane notamment cette maturité tranquille issue du groupe. « Enfin… Je suis là où je voulais être » Oeuf de Corbeau, ça ou cette mélancolie jusque dans les os… ça, ou du réconfort dans l’inconfort servi juste pour toi… En lendemain de veille ou juste quand ton monde s’écroule, alcool ou pas, drogue ou pas, sérénité ou pas, cette dure réalité qui te frappe sur la gueu[…biiiip], te fait réfléchir assurément… mais te donne de l’espoir en même temps. Adore, ça sonne l’espérance et le drame tout à la fois, un peu comme l’amour peut l’être à lui seul de temps en temps. La légèreté dans le drame. Je t’attendrai et ce n’est pas grave. Je comprends… trop… ça. Next. La foire aux animaux, pièce farde ostensiblement qui a donné son titre à l’album s’avère créatif, rêveur, intempestif, prometteur, et j’en oublie juste un peu plus ce d’où j’en suis, j’adore. « Donne-moi un sac pour emporter. Pour t’emporter » Je ne saurais mieux dire… Vraiment. Offre-lui ton coeur? La distorsion exprime peut-être, ou probablement, cette discorde entre cette simplicité d’une réalité rendue compliquée un peu par les autres… J’aime. J’aime vraiment cela. Hymne super nostalgique dans ses accords, toujours aussi joyeux mais avec des paroles lourdes de sens qui nous disent sans artifices que… « ouain, la vie c’est comme ça, et accepte-la »
« Rien ne pourra effacer la trace du temps dans ses artères »… EEE WOW! C’est probablement la plus belle phrase jamais entendue dans ce monde de fou. Just saying.
L’album se termine sur Sarracénie… Soit un piano tranquille, dramatique, simple mais grandiose dans ce qu’il contient… Un piano-voix intense, clair, beau… un build up en crescendo, toujours avec ce piano dramatique, celui-là qui me fait tripper, et toutes ces harmonies vocales… Wow, j’aime ça. « La beauté, la mort, scandent la danse des saisons« … POW. Hymne à la vie, à ce que l’on y vit, à tout ce que l’on subit… sans en saisir véritablement toute la beauté juste au bout de ce que l’on est.
CONCLUSION
Si j’aime cet album? Aimer me semble faible, nécessairement… Une influence tangible des années 70, mesurable à travers l’importance de la flûte traversière via cette mélodie… Un piano dramatique, qui nous plaque des accords grandioses au-delà de toutes ces notes pianotées en mineur, la, do, ré, mi ou je ne sais trop qui, soit toutes ces notes juste assez mineures pour qu’en symbiose avec les voix nous on n’y voit que le feu de leurs éclats. Drama, drama, drama. Une voix simple. Claire. Douce mais forte à la fois. Des mots simples. Clairs. Doux mais forts à la fois… Et toute cette folie innocente qui émane de leurs hymnes… Si j’aime cet album, celui de Porcelaine? Je ne peux plus m’en passer tellement ça m’obsède ces temps-ci.
ENJOY, BANDE DE FOUS!
Et surtout… Soyez fous. Soyez amoureux… Surtout amoureux. Soyez aussi vivants. Surtout vivants, dans un premier temps…