Gonzales, piano solo et pourtant …
Deuxième découverte du Nice Jazz festival 2005, Gonzales, autant musicien que personnage
Il arrive sur scène en chaussons. Il explique plus tard qu’il aime le son de ses pantoufles car la feutrine qui les recouvre lui rappelle celle de la sourdine de son piano qui lui permet d’en adoucir le son. Le nouvel album de Gonzales s’intitule en effet « piano solo » et joue sur le dépouillement et l’intime. D’un jeu clair, à la main gauche rythmiquement marquée, Gonzales joue de petits thèmes toujours mélodiques et plutôt variés. Même si l’humeur générale reste la même, doucement mélancolique. Gonzales l’explique lui-même dans une belle leçon de musique. Etant enfant, il a dû apprendre les « classiques » du piano mais il avait en horreur tous les morceaux en majeur dont il détestait la fausse joie forcée. Du coup, il les transposait en mineur. Il nous en fait ainsi la démonstration, jouant en mineur jusqu’à « Joyeux anniversaire » ou « Frère Jacques » !
Gonzales est ainsi. Ses thèmes au piano lui servent finalement à raconter une histoire et la partager avec le public. Ou le secouer : sur un des titres, il engueule carrément les gens car il accepte qu’on claque des doigts mais pas qu’on tape des mains lol Puis il invente ainsi un personnage qui, juste avant de monter sur scène, lui aurait dit que « Over the rainbow » était LE morceau qui marchait toujours dans un festival de jazz, même mal joué. Du coup, il le commence à 1 doigt jusqu’à ce que les 10 doigts en donnent une version d’une énergie assez sauvage. Finalement, Gonzales fait chanter au public l’accompagnement du dernier morceau tandis qu’il joue par-dessus la mélodie puis improvise. L’enthousiasme du public est monté jusqu’à culminer à sa sortie. Est-ce étonnant ?
Pour connaître un peu mieux ce personnage qui ne se prend pas au sérieux, je suis allé jeter un coup d’oeil sur son site Internet qu’il présente en écrivant qu’il « ne croit pas à l’Internet » ! En guise d’interview, morceaux choisis sur le Forum:
– à propos de Jane Birkin pour qui il a signé les arrangements de l’album Rendez Vous : « c’est un mélange entre ta prof de théâtre folle et une hôtesse sexy de British Airways »
– à une internaute qui lui demandait s’il animait des mariages : « La Danse des Canards sonne très bien au piano tout comme « She’s like the wind » de Patrick Swayze en changeant quelques accords. Je suis très cher (…) mais je suis TRES curieux d’essayer de nouvelles choses »
– quant au sujet « Gonzales s’est-il calmé? » (il a travaillé dans le rap ou avec Daft Punk) : « Beaucoup de mes concerts sont plus sauvages que les précédents, qui n’étaient sauvages que grâce aux beats de batterie derrière. (…) Avec juste un piano, il faut créer la même intensité. (…) Si ça marche, les gens (…) partent en ayant l’impression d’avoir fait l’amour! »
Site officiel : http://gonzales.artistes.universalmusic.fr