Cristina Branco, le fabuleux voyage du fado

Cristina Branco, le fabuleux voyage du fado

Quatrième « découverte » du Nice Jazz Festival 2005, le fado bouleversant de Cristina Branco.

C’est d’abord un guitariste qui arrive sur scène. Il porte une guitare portugaise, au timbre aigu et métallique semblable au bouzouki grec. Puis c’est elle qui fait son entrée. Très brune, très belle, les sourcils noirs finement dessinés sur un profil tranché et doux à la fois, Cristina Branco est habillée d’une longue robe noire. Dépouillée mais sans austérité, à la sensualité contenue, l’attitude est comme la voix. Cristina semble tirer son chant grave de la terre, les pieds solidement ancrés au sol. Elle porte sa voix puissante avec autant de force ou de légèreté qu’elle le désire, n’hésitant pas à s’élever vers les aigus avec la grâce d’un ange. Les mots comme les rythmes ou les sons sont étrangers mais l’émotion est familière. Cristina vous charme et vous bouleverse à la fois. Immédiatement.

Cristina BrancoLes autres musiciens arrivent dès le deuxième titre, tous vêtus de noir. Le guitariste rythmique joue d’une guitare classique tandis que le bassiste tient une guitare basse montée sur un corps de guitare acoustique. Puis c’est au tour du piano de se rajouter, sur certains titres, au trio portugais traditionnel. Cristina en profite alors pour aller se cramponner à l’instrument, légèrement penchée en arrière, se laissant transpercer par ses vibrations. Elle fonde sa présence scénique sur cette quasi-immobilité même, dans cet abandon total à la musique.

Cristina est venue présenter son nouvel album Ulisses traitant de l’éternel thème du fado, les voyages et la mer. Quand une mouette s’invite par son cri au concert, Cristina annonce un titre qui évoque une mouette dans le ciel de Lisbonne. Le fado est depuis toujours le chant des femmes de marin qui attendent le retour de leur homme mais, contrairement à l’image habituelle, sans tristesse, précise Cristina. Ses voyages à elles la mènent ailleurs, comme au Brésil ou en Argentine quand elle reprend, en espagnol, le classique « Alfonsina y el mar » chanté notamment par Maurane. Par la France aussi, puisqu’elle s’exprime dans un excellent français et célèbre sur son album la Liberté d’Eluard.

Cette « découverte » du Nice Jazz Festival 2005 n’en est déjà plus une. Cristina Branco a une carrière internationale et, portée par l’émotion puissante qu’elle dégage, elle ne pourra qu’aller de plus en plus loin, bien au-delà des mers.

Cristina Branco, le site officiel

Eric_M

En amateur de musique, Eric Maïolino est auteur-compositeur-interprète, joue de la guitare, pratique le théâtre et assiste à des concerts! (toutes ses chroniques ici)

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