Nice Jazz Festival 2011 : un 2e jour blues et world au top
Excellente soirée hier au Nice Jazz Festival. La fréquentation semblait nettement moindre pourtant la programmation était juste parfaite : trois excellents concerts sur la scène blues et trois concerts exceptionnels sur la scène world. Une soirée rare qui confirmait la déclaration de Jean-Jacques Milteau : « Les musiques noires sont ce qui sont arrivées de mieux à la musique au XXème siècle. » La preuve par l’exemple avec le détail de ce samedi 9 juillet.
Le Théâtre de Verdure était dédié au blues hier soir. L’ouverture reposait sur les épaules du plus jeune groupe du festival. Homemade Blues Band est un trio américain de trois frères et soeur : l’aîné, Ryan Perry à la guitare et au chant, a 19 ans, son frère Kyle à la basse a 16 ans et la petite sœur Taya à la batterie a seulement 12 ans! Il faut la voir assurer comme une pro avec une grosse fleur plantée dans sa coupe afro. Les deux frères ont assuré grave aussi, bien accompagnés par leur harmoniciste. Le jeu est classique et carré mais c’est du bon!
C’est Jean-Jacques Milteau, l’harmoniciste français le plus connu, qui leur a succédé. Il était entouré de son groupe de quatre musiciens dont Manu Galvin à la guitare qui l’accompagne depuis plusieurs années. Et pour les voix, il a fait appel à Ron Smyth et Michael Robinson avec qui il a enregistré son dernier disque (Soul conversation) et le prochain qui sortira en octobre. Après avoir accompagné tous les chanteurs français, Milteau s’est désormais tourné vers les musiques noires dont le blues. Il emmène ainsi son public dans un voyage en Louisiane où les voix très complémentaires des deux chanteurs lui permettent même de nous offrir un gospel. Entre composition et reprises (comme Higher and higher), il commence soft avant lancer la machine à plein régime. Et le public embarque avec lui.
Joe Louis Walker clôturait la soirée. Son blues électrique, bourré de guitares et d’énergie m’a rappelé celui de l’excellent Lucky Peterson. Accompagné d’un groupe de quatre musiciens dont un guitariste qui alternait le chant avec lui, Walker est le blues comme on l’aime : voix rocailleuse et jeu incisif. Il a paraît-il été rejoint par Jean-Jacques Milteau pour un boeuf de fin de concert. Mais à ce moment-là, j’étais déjà dans le public de l’autre scène …
Sur la scène Masséna, la soirée était world. Dès le début, la barre était mise très haute par Anthony Joseph. Son Spasm Band de cinq musiciens (dont un saxophone) possède une force rythmique imparable : impossible de ne pas danser! Les influences multiples composent une sorte de funk mondial qui puise aussi bien dans l’Afrique que dans l’Amérique noire en passant par la Caraïbe dont Anthony Joseph, né en Angleterre, nous apprend qu’il est issu. Avec son chant parlé (le fameux spoken word) et ses déhanchements qui semblent le faire léviter sur scène, il capte le public et ne le lâche plus : l’osmose totale. Grosse révélation!
Il fallait du très bon pour poursuivre. Bonne pioche : c’est Asa qui avait été choisie! Après le gros succès de son premier album, Asa présente ses nouveaux titres sur scène avec sept musiciens (dont cuivres et choriste). Le son est riche, puissant, nickel. Avec ou sans guitare, Asa virevolte sur scène comme une petite fée à robe blanche. Elle charme le public en incluant des mots ou des passages entiers en français dans ses chansons, jusqu’à nous chanter « des bisous » que le public lui rend évidemment au centuple. D’origine nigériane, Asa a en effet démarré sa carrière en France. Après le concert, j’ai pu lui demander pourquoi c’est en France qu’elle avait choisi de venir : « Honnêtement, c’est le destin. Je n’avais jamais pensé venir en France un jour. Mais certaines choses sont inévitables. Je suis née ici puis j’ai grandi à Lagos au Nigéria et c’est l’appel de la musique qui m’a ramenée en France. » Un appel qui a été entendu par le public aussi. Merci Asa!
Après de si bons concerts, qui allait être à la hauteur? Carlinhos Brown! Le brésilien le plus en vue (il a écrit la bande originale du film d’animation Rio) est la générosité incarnée. Pour lui, la percussion est la base de la musique. Il donne avec son groupe de dix musiciens une musique qui possède une force archaïque capable de plonger au plus profond de nous. Il renouvelle la samba grâce à l’héritage des musiques noires de l’autre Amérique, le funk en particulier. Comme un hypnotiseur, il plonge ses yeux dans ceux du public, n’arrêtant pas de le faire participer (chanter, taper en rythme ou même se déplacer de gauche à droite). Il communique dans un portugais agrémenté de mots français, qui pourrait bien renfermer quelques formules magiques. Peu à peu, il se rapproche des barrières le séparant des spectateurs, puis les franchit pour chanter au milieu du public en essayant de rassurer les gros bras de la sécurité. Puis à son retour sur scène, c’est une fan aux couleurs brésiliennes qui réussit à monter pour danser à côté de lui. Il la laisse faire évidemment et toute le monde danse à l’unisson. Il nous laisse épuisés et ravis d’une soirée aussi réussie. Notamment, les chanceux de la presse qui ont pu comme moi le rencontrer ensuite : avec une totale gentillesse et une infinie générosité, il s’est livré à une interview qui sera en ligne ici bientôt!
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Carlinhos Brown à Nice : « C’est la France qui m’a découvert » : l’interview
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