Alexis HK à Monaco : un bonheur éternel
Samedi dernier, le Monaco Live Festival nous offrait pour son dernier soir l’excellent concert d’Alexis HK dans une salle malheureusement moins remplie. Pourtant, le bilan artistique du festival est très positif : la salle du Canton est très agréable et la programmation a offert de très beaux concerts. En tout cas, je peux le confirmer pour ceux auxquels j’ai assistés, c’est-à-dire trois sur quatre. Rendez-vous l’an prochain !
Connaissez-vous le rock’n drôle ? Il s’agit de la spécialité des Babaars qui assuraient la première partie de la soirée. Ils viennent du Mont Saint-Michel (ne leur demandez pas s’ils sont bretons ou normands !) et ils sont quatre. Deny Lefrançois est l’un des deux chanteurs guitaristes du groupe et se risque au trombone sur quelques titres. Pour l’anecdote, Lefrançois est issu du groupe Mes souliers sont rouges, tout comme les deux membres masculins d’AlloCaroline présents la veille (lire ici). François Jandolo est l’autre chanteur guitariste et se met au piano sur plusieurs titres. Ils sont accompagnés de Rivo Ralison à la basse et de Marcus Camus à la batterie.
La veille, Emily Loizeau nous avait, avant son concert, diffusé des bruits … d’oiseaux. Les Babaars ont choisi des bruits de bulle pour annoncer leur titre, Poisson, avec lequel ils arrivent sur scène … sous les bulles. Le ton est donné. Les textes sont plutôt bien écrits (Une main) et racontent souvent de petites tranches de vie (La diseuse de bonne aventure). La musique tourne bien même si le piano m’a paru un peu basique et le trombone très limite sur un titre. Le style se situe entre le « vieux » rock’n’roll et la nouvelle scène festive.
Mais la spécialité du groupe, c’est de faire participer le public. D’ailleurs, les morceaux sont souvent interrompus si le public ne suit pas immédiatement. Les Babaars font chanter les spectateurs ( J’t’ai jamais vu rouler du cul comme ça), les font se lever, puis se rasseoir, leur font avancer leurs tables puis taper dans les mains puis … Le public de Monaco s’exécute plutôt volontiers mais les Babaars font durer leur show sans doute trop longtemps. Après de multiples interruptions (« Ca casse le rythme mais on a vu pire et on verra pire ») et une fin annoncée plusieurs fois, l’abattage du groupe finit par ressembler à une animation de bal. Dommage car leur retour inattendu se fait sur deux très belles reprises de Reggiani : Arthur, où t’as mis le corps (texte de Boris Vian) et Ma dernière volonté. Une belle façon de conclure.
Bienvenue dans l’autre monde, celui d’Alexis HK. Inspiré par l’univers du Parrain, il publie son troisième album, Les Affranchis. Sur scène, ses trois musiciens arrivent en costard et lunettes noires : Simon Mary à la contrebasse, Hibu à la batterie et surtout Matthieu Ballet aux claviers qui a vraiment le physique et la gueule de l’emploi (pour preuve, sa présence sur la pochette de l’album). Mais c’est La fille du fossoyeur qui donne plutôt la tonalité de la soirée où Alexis KH vous accueille dans l’au-delà. Fidèle à cette ambiance, le chanteur pratique sur tout le concert un humour à froid, forcément noir et surtout irrésistible (à découvrir en concert : les surnoms des musiciens !). Entre ses chansons, il nous joue des textes très drôles, sortes d’anecdotes surréalistes formidables.
Musicalement, Alexis HK élargit sa palette, mâtinant ses rythmes syncopés et son débit accéléré d’un son plus rock. Il passe de la guitare électrique au banjo puis à la guitare sèche pour des ambiances plus acoustiques. De son côté, Matthieu Ballet délaisse souvent ses claviers pour utiliser ondes Martenot, cithare, harmonica ou accordéon. Les textes sont toujours aussi savoureux (Chicken manager) et prouvent son amour de la langue française et du vieux françois (Maudits anglois). Saluons aussi l’irrésistible Maison Ronchonchon.
Alexis HK livre une bonne part des chansons de son dernier album à travers lequel passe une caravane qui rend un hommage discret à Alain Bashung. Il évoque ensuite son précédent album, L’homme du moment, par trois titres d’affilée dont l’excellent Coming out. Enfin, il nous rappelle C’que t’es belle, comme à ses débuts, guitare en main, laissant ses musiciens un verre à la main. Ayant décidé d’abolir le moment des rappels, Alexis KH reste encore sur scène pour quelques titres dont deux créations délicieuses (je suis obligé de vous en laisser la surprise) et pour lesquels il s’excuse. Au contraire, entre spectacle comique et concert, toute sa prestation a été un vrai bonheur. Un bonheur éternel !
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