Monaco Live Festival : Emily Loizeau est perchée
Hier soir, le Monaco Live Festival donnait sa troisième et avant-dernière soirée. La salle du Canton accueillait l’étonnante Emily Loizeau pour un magnifique concert.
La première partie était assurée par le jeune trio normand AlloCaroline. Jean-Eudes à la batterie joue les gros bras aux lunettes noires et à l’humour décalé. Stéphane à la guitare, au violon et au chant joue le chanteur qui ne s’y croit pas vraiment. Et Sarah (échappée des Elles) au chant, aux chœurs, aux (excellents) bruitages et à l’énergie rajoute la touche façon Chanson Plus Bifluoré qui lie le tout. Et Caroline ? C’est la dernière chanson qui lève le mystère sur le nom du groupe – et ça fait peur !
En attendant, le trio aura proposé ses musiques chaloupées et ses textes gentiment décalés (ou « dégagés »). Les ambiances sonores sont très réussies, parfois formées de boucles de voix ou d’instruments enregistrées en live. La vitalité de Sarah est impressionnante mais j’aurais aimé la voir développer son aspect théâtral esquissé dans le premier titre. Quant aux textes, je les aurais préférés soit plus consistants soit plus délirants. Mais le groupe a réussi à gagner la salle grâce à une prestation très sympathique. Pour finir en beauté avec une reprise spéciale pour Monaco : Dou you Saint-Tropez !
Au milieu d’une forêt magique, de longs arbres artificiels se parent des couleurs changeantes des éclairages de la scène. Dès son arrivée dans ce décor, une évidence éclate : Emily Loizeau est perchée. Physiquement d’abord, puisqu’elle monte pour chanter sur une petite plateforme qui surplombe ses musiciens. Vocalement aussi : Emily Loizeau chante avec un engagement physique hors du commun, poussant sa voix à l’extrême et provoquant des émotions incroyables dès le début du concert. Dans toute son attitude enfin : portée par ses textes oniriques, elle offre un personnage lunaire et touchant jusque dans sa façon de bouger et de parler.
Elle est accompagnée par quatre remarquables musiciens et choristes. Cyril Avèque est à la batterie, Mathis Haug aux guitares électriques et François Puyalto joue de la basse et du banjo en passant par toutes sortes de percussions, le chant et d’autres instruments. La flûte, notamment, revient comme un leitmotiv et passe aussi entre les lèvres de la Loizeau. Mention spéciale enfin à Olivier Koudouno au violoncelle pour la richesse et la variété de son jeu, sans compter son passage au piano.
Au cours du concert, Emily Loizeau nous fait visiter la quasi-totalité de son nouveau Pays sauvage. Les ambiances sont contrastées : d’un côté le sublime dépouillement de La dernière pluie, de l’autre, la puissance explosive du Pays sauvage. D’un côté l’émotion contenue de Dis-moi que tu ne pleures pas, de l’autre la poésie décalée de The princess and the toad et le délire baroque de La femme à barbe. Après une première moitié exceptionnelle, la tension du concert retombe un peu mais la qualité demeure jusqu’au bout.
Après un petit détour par Tom Waits et un salut à Sister en anglais, les rappels nous ramèneront à L’Autre bout du monde et à Jasseron, seuls témoins du premier album. Enfin, le groupe reprendra un Sweet dreams qui sonnera pendant un court instant Comme un ouragan. De beaux rêves : avec un concert aussi réussi, on en fera sûrement.
Monaco Live Festival
Samedi 17 octobre : Alexis HK (1ère partie : Les Babaars)
20h30 – 15 € – Salle polyvalente du Canton
Terrasses de Fontvieille
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Emily Loizeau, nouveau site officiel
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