Vincent Delerm à Monaco : « Tu vois un peu l’époque, l’ambiance »
Vendredi dernier, le Monaco Live Festival a débuté avec Debout sur le Zinc. Dès le lendemain, j’y étais pour le spectacle de Vincent Delerm et je découvrais pour l’occasion la salle du Canton. On y accède par les terrasses de Fontvieille. A votre arrivée, une hôtesse vous installe autour de l’une des tables rondes qui sont réparties dans la salle. Grâce à cela, la salle polyvalente assez vaste trouve immédiatement une chaleur très particulière et devient vite agréable.
En première partie, le jeune Adrien au chant et au piano (mais aussi harmonica, mélodica …) était accompagné du percussionniste David Bruley et du guitariste niçois Gabriel Todesco. Il présentait ses Chansons insolites, colorées et variées, marquées par les femmes. Il a su créer une certaine complicité avec le public puisqu’il a fini par lui proposer de se retrouver Contre tes seins : « enfin, contre vos seins, on ne se connaît pas ! ». Vient l’entracte puis le bar ferme et la deuxième partie de soirée commence sur une autre scène, déjà installée. Bon point à la salle pour cet enchaînement rapide !
Tous les acteurs s’appellent Terence et le chanteur s’appelle Vincent. Delerm arrive sur scène accompagné de silhouettes d’acteurs en noir et blanc découpées sur du carton. Le thème du spectacle est donné : cinéma, cinéma. Du coup, il y a du monde dans le décor même si trois musiciens seulement accompagnent Delerm : Frédéric Kret au violoncelle, Nicolas Mathuriau à la batterie et François Lasserre à la guitare. Tous changent souvent d’instruments et tournent entre le piano classique, le piano-bastringue et le clavier électrique.
Les références au cinéma sont nombreuses : Truffaut, Tati, musiques et extraits de film et interventions spéciales d’un comédien-chanteur et d’une comédienne virtuellement présents par leurs voix. Le décor évolue grâce à de belles trouvailles et des projections souvent drôles. Je conseille particulièrement le petit film tourné pour Le monologue Shakespearien ou encore la coupure publicitaire !
Delerm joue les dix meilleures des Quinze chansons de son dernier album, d’ailleurs excellent. Les autres titres font d’abord la part belle à d’anciennes chansons moins connues pleines d’émotion (Deauville sans Trintignant ou L’heure du thé). Puis viennent des chansons plus connues comme La vipère du Gabon qui a livré un très beau moment entre émotion et jeu avec les réponses du public. Enfin, c’est au tour des tubes de Fanny Ardent et moi à la Quatrième de couverture par exemple.
Mais il faut encore dire aux incrédules que Vincent Delerm révèle sur scène une autre dimension de lui-même. La voix, déjà, passe très bien alors que sur album, elle ne devient presque agréable que dans le dernier. Mais surtout, Delerm est vraiment très drôle et très inventif. Il est le spécialiste des anecdotes improbables et pourtant irrésistibles (le jury de courts-métrage), vraies ou inventées (la défection des musiciens). Il rajoute dans ce spectacle de petits textes façon discours politiques assez savoureux.
On redécouvre aussi ses chansons dans de nouvelles versions (Tes parents) ou des versions rallongées (Dans tes bras). Delerm sait enfin créer un rapport très intime et très attachant avec le public qui réagit au moindre de ses signes. Le faisant chanter sur les Filles de 1973, il choisit à Monaco de faire chanter uniquement « ceux qui pensent que c’est n’importe quoi si le bobsleigh est une discipline olympique » et ensuite « ceux qui pensent qu’il y a d’autres enfants cachés ! ». Avec sa précédente tournée, Vincent Delerm avait placé la barre très haut. Avec ce spectacle, il arrive à se renouveler tout en gardant le meilleur de lui-même. Mieux qu’un remake !
Monaco Live Festival
Vendredi 16 octobre : Emily Loizeau (1ère partie : Allo Caroline)
Samedi 17 octobre : Alexis HK (1ère partie : Les Babaars)
20h30 – 15 € – Salle polyvalente du Canton
Vincent Delerm : site officiel sur le label Tôt ou tard
Adrien : site officiel