Babyshambles à Cannes : Pete Doherty met le Palais des Festivals à l’envers

Babyshambles à Cannes : Pete Doherty met le Palais des Festivals à l’envers

Un concert de Pete Doherty, avec ou sans les Babyshambles, contient toujours une part d’inconnu. D’autant plus pour moi qui y allais sans connaître ses chansons. Et encore plus au Palais des Festivals de Cannes. Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, revenons sur les premières parties.

sammy_decosterLe festival des Concerts de Septembre a été lancé jeudi 24 par Louis Bertignac (lire la revue de concert et l’interview). Sa première partie était assurée par Tornado, le groupe de Sam, alias Sammy Decoster. Sam vient de sortir un premier album qui évoque les grands espaces américains parcourus au son des guitares western. Cheveux longs et petite barbe, il se présente sur scène en trio et joue les débutants, remerciant gentiment d’avoir été invité dans cette salle. Les guitares sont amples et la voix est chaude. Elle est parfois asséchée quand il choisit de chanter – ou de siffler – dans un micro vintage. Et si Sam se dit « à l’ouest », ça ne peut être que géographiquement. Pour nous en convaincre, il termine seul à la guitare avec une reprise très réussie de Everybody loves somebody. Qui pourrait ne pas aimer ?

dum_dum_boysVendredi, la soirée a débuté avec les Dum Dum Boys. Karim Badi au chant est sobrement habillé d’un costume. Il alterne entre les graves, qui lui vont bien et les aigus qui le tirent vers le punk en particulier quand il chante (volontairement ?)  faux sur plusieurs notes tenues. Chantant en anglais, il ne quitte pas des yeux l’écran d’un ordinateur portable posé par terre pour l’aider avec les paroles. D’autant plus dommage que ses acolytes (guitare-basse-batterie) pourtant excellents semblent presque s’ennuyer. Et soudain, les Dum Dum Boys montent dans leur Ford Mustang et le concert passe à la vitesse supérieure. Les paroles en français très bien écrites nous permettent de déguster une ironie savamment dosée. Le chanteur commence à bouger suivi par les trois musiciens qui nous donnent un final explosif. Ils enchaînent avec Deux doigts dans la bouche qui s’enfoncent dans un trash totalement assumé et quittent la scène en nous envoyant de « good vibrations ». Pas si cons, les boys ! Après avoir débuté un parcours underground il y a plus de 20 ans à Nice, le groupe a encore une belle route devant lui.

BabyshamblesEt puis, Peter Doherty est arrivé. Ou plutôt Pete, pour les intimes et pour les centaines de filles qui vendredi soir rêvaient de l’être. Intimes avec lui. Bien avant son arrivée, elles hurlaient déjà d’excitation avant de crier de plaisir. C’est pourtant très calmement qu’il est arrivé sur scène, la démarche hésitante mais le chapeau bien en place, faisant presque oublier la présence des trois autres membres des Babyshambles. La guitare de Pete était encore plutôt approximative et surtout fausse jusqu’à qu’il se décide à l’accorder au bout de quelques titres. Mais la surprise pour un néophyte comme moi est de découvrir la qualité de ces titres. Chaque chanson sonne comme un tube et parait immédiatement familière. Le son est anglais et se situe quelque part entre les Stones et les Clash. Ajoutez-y deux jeunes danseuses en tutu faisant des entrechats autour du groupe et vous aurez la touche de surréalisme qui complète le tableau. L’ambiance est électrique dans la salle et la qualité musicale s’améliore de titre en titre.

Mais 15 minutes avant 23h, le concert entre dans un trou noir. Une fille ayant réussi à monter sur scène pour serrer son idole, Pete Doherty fait signe au reste du public qu’il peut monter aussi. Il ne fallait pas le dire deux fois : Doherty est rapidement englouti par une marée humaine déferlant de toute la salle, y compris le balcon, et débordant le service d’ordre qui ne semblait pas sur la même longueur d’onde que le chanteur. Pete est ravi mais les gros bras expulsent à tout-va, excédés d’avoir été attaqués à coup de strings lancés sur la scène! Peu à peu, la voix s’éteint, suivie de la guitare, de la basse et enfin de la batterie. Silence musical et cris de joie de la foule sur scène jusqu’à l’intervention du manager. Il convainc les jeunes de descendre pour des questions de sécurité et demande, pour que le concert puisse reprendre, qu’on rende … les deux baguettes du batteur ! Finalement le groupe revient sur scène, ovationné et reprend pour deux titres. Mais la scène continue à être traversée par des jeunes gens qui s’amusent à braver les vigiles. Alors pour éviter les dérapages, le groupe s’en va définitivement sur … Fuck forever. Après Iggy Pop l’an dernier, Pete Doherty est le nouvel agitateur du Palais cette année. A qui le tour l’an prochain ?

Concerts de Septembre – Palais des Festivals de Cannes – du 24 au 27 septembre 2009

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Eric_M

En amateur de musique, Eric Maïolino est auteur-compositeur-interprète, joue de la guitare, pratique le théâtre et assiste à des concerts! (toutes ses chroniques ici)

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