Cali, le concert magnifique
Juste avant la sortie de son album live « Le bordel magnifique« , Cali faisait la dernière date de sa tournée Menteur au Palais des Festivals de Cannes le 29 octobre. L’occasion d’une rencontre simple et chaleureuse.
Cali a enchaîné son premier album, L’Amour Parfait (2003) avec Menteur (2005) sans cesser de tourner. Son succès formidable, il le doit à une énergie explosive sur scène et le Grand Auditorium de Cannes n’a pas fait exception. Les fauteuils rouges n’ont pas servi longtemps: à la fin de la première chanson, le public était déjà debout. Comme à son habitude, Cali a chanté, crié, joué de la guitare, couru, sauté. Il a transpiré, s’est traîné à terre et s’est fait porter par le public jusqu’aux balcons supérieurs. Comment peut-il avoir autant d’amour à donner?
Bonjour Cali. Comme vous sentez-vous avant ce dernier concert?
Je me sens fatigué, crevé. Je suis très fier de cette tournée qui a rassemblé plus de 400 000 personnes. Depuis L’Amour Parfait, j’ai été pris dans un tourbillon fou qui n’a pas cessé. Pour la première fois, on va prendre du repos. Mais je n’aime pas les dernières alors j’espère qu’on va faire une grosse fête après le concert.
Pas étonnant que vous soyez fatigué, vous donnez une telle énergie pendant vos concerts.
L’énergie, il faut la donner pendant mais aussi avant et après le concert. Pour la première fois, j’ai l’impression que ma vie sert à quelque chose. Alors je veux donner beaucoup. Certains de mes proches disent que je donne trop mais tant pis.
Vous avez choisi d’appeler votre disque live « Le bordel magnifique ». Pourquoi?
Le bordel c’est le moment où on ne peut plus rien gérer. Avec mes musiciens, on essaie d’allumer des flammes dans le public. Et quand ça prend, on obtient un gros brasier et j’adore ça.
« Pépé, avant, il faisait ça «
Ce disque va bientôt s’accompagner d’un DVD?
Le DVD sera disponible fin novembre. On a fait ça dans l’urgence et on est encore en train de le monter. Le CD c’est surtout pour remercier le public. Mais je ne voulais pas juste leur resservir ce qu’ils ont vu sur scène. Je voulais un DVD qui soit un vrai film. J’ai choisi comme réalisateur Gaëtan Chataigner, membre des Litte Rabbits et bassiste de Katerine. Dans le DVD, on aura plein d’images aux grains très variés: on passera d’images très belles à des images très saturées. A Lille, on a filmé les gens avec de vraies caméras, bien visibles. A Nantes, j’ai annoncé aux gens qu’ils allaient être filmés et quand ils ont vu le réalisateur avec un appareil photo, ça m’a fait rire. Le concert n’est qu’un prétexte. Entre les chansons, j’ai voulu insérer des scènes oniriques comme des petits rêves que j’ai imaginés et qui apportent une autre vision que mes albums. Ces images de concert, ça n’est pas pour montrer que je suis très très beau et très fort mais quand je serai très vieux je pourrai montrer le DVD à mes petits-enfants et leur dire: « voilà: pépé, avant, il faisait ça ».
Roberta est l’un de vos grands succès sur scène.
Cette chanson, c’est un hymne à l’amour. Roberta c’était une personne de mon village qui, à 80 ans, a rencontré un jeune de 30 ans. Il la transportait en mobylette et ils se roulaient des pelles derrière l’église. Je remercie tous les gens qui connaissent les paroles par cœur et les chantent avec moi sur scène. Je suis toujours touché de voir ce qu’a pu devenir une chanson écrite en 5 minutes dans une chambre d’hôtel. On a commencé une série de concerts acoustiques dans le sud qu’on continuera à Paris puis en Belgique. On y joue Roberta au xylophone uniquement et on entend mieux les gens chanter. C’est encore plus fort.
« C’était comme être sur un bateau au milieu d’une tempête »
Comment s’est passée la création de votre deuxième disque?
J’ai beaucoup souffert pour faire ce deuxième disque. J’ai écrit les titres lors de la précédente tournée et j’ai appelé la maison de disque pour leur dire que je voulais commencer l’enregistrement dès la fin des concerts. C’était comme être sur un bateau au milieu d’une tempête. On a invité beaucoup de monde, comme -M-, Steve Wickham des Waterboys, Damien Lefèvre de Luke et j’attendais sans cesse l’annonce de la naissance de ma petite fille. Finalement, Daniel Darc est venu poser sa voix en dernier et c’est là que j’ai reçu le coup fil que j’attendais: j’ai eu juste le temps de partir et d’assister à l’accouchement.
Vous avez enregistré cet album en Irlande. Pourquoi ce choix?
Mon histoire avec l’Irlande a commencé par une fugue amoureuse à 16 ans. C’est le pays où j’ai décidé de mourir et je l’ai su dès que j’y ai posé le pied. J’espérais que le charme opère aussi sur les musiciens et c’est ce qui s’est passé. On a loué un manoir du XVIIe siècle et dès qu’on s’est retrouvé là, on était dans l’ambiance. Je me rappelle que le vendredi 13 mai, on s’est mis à explorer les fins fonds du manoir à minuit. C’était incroyable.
Est-ce que vous continuez à écrire pendant la tournée actuelle?
Oui, je suis de plus en plus amoureux des mots. Je prends plaisir à écrire des chansons juste comme ça, sans forcément penser à un prochain album.
« On veut que les enfants ne soient pas pris en otages »
Plusieurs de vos chansons traitent du droit des pères.
Je ne le dirais pas comme ça. On veut que les enfants ne soient pas pris en otages. Certaines décisions prises à la va-vite par des juges peuvent entraîner des déséquilibres catastrophiques. Comme le dit l’association qu’on a créée, « Les Papas = Les Mamans ». Un enfant a besoin de ses deux parents pour grandir. Mais notre combat avance, on a trouvé des personnes qui y travaillent au quotidien. On organise des festivals, on a monté une cellule composée d’avocats et d’éducateurs spécialisés pour prouver ce qu’on dit. Mon premier disque racontait une rupture mais finissait sur une note d’espoir. Sur le deuxième, j’ai voulu faire différemment. Il commence par « Qui se soucie de moi » et termine par « Le vrai père ». Dans cette chanson, les mots sont plutôt légers au début mais elle se termine de façon très violente avec un père qui veut se découper en morceaux pour que son fils puisse plus tard reconstituer le puzzle.
Récemment, Laurent Fabius a utilisé une de vos chansons pour ouvrir un meeting de campagne.
Voilà comment ça s’est passé. En tournée, on n’a pas forcément la télé et en rentrant à 2h du mat, j’allume LCI. L’info qui tournait en boucle disait « Cali ouvre la campagne de Fabius avec C’est quand le bonheur« . Et je n’étais même pas au courant! Je suis quelqu’un de gauche et je n’ai rien contre Fabius mais je ne le soutiens pas plus que ça. Il aurait pu avoir l’élégance de m’appeler et de me prévenir. Mais c’est une toute petite histoire.
Vous venez d’enregistrer une chanson avec Michel Delpech pour son futur album de duos. Que représente Delpech pour vous?
Je suis très fier d’avoir fait « Pour un flirt » avec lui. Il y a des gens qui ne sont pas reconnus pour ce qu’ils ont fait peut-être parce qu’ils sont encore vivants. Delpech en fait partie. Je l’ai croisé sur scène et ensuite j’ai vu un de ses concerts. Et là je me suis dit: « ça c’est lui, ça aussi … » Il a un nombre de tubes incroyable. Il a écrit des chansons populaires qui ont bercé ma jeunesse et qui ont rendu des gens heureux. Je suis sûr qu’il y a des gens qui ont demandé la main de leur femme sur ses chansons, qui se sont mariés ou qui ont fait des enfants. En plus c’est quelqu’un qui a connu l’alcool, le fond du trou et qui ne s’en est pas caché. Il dit simplement: « je suis juste un homme ».
Merci Cali.
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