Divas (Agnès Gerhards) : Les rêveuses illimitées
Dans le prolongement des voix angéliques accompagnant la venue de l’an neuf, les aficionados (as) liront avec plaisir cet ouvrage, Divas d’Agnès Gerhards, consacré aux stars de la grande musique.
Pas vraiment typical Sincever, un ouvrage sur l’opéra, mais qu’importe. La leçon de musique du jour sera : être ouvert à toutes les musiques. Et que celui ou celle qui n’a jamais aimé Carmen ou le Chœur des Esclaves de Verdi, nous jette la première pierre !
Leur parcours est rude, marqué par les outrances revendiquées et les outrages reçus. Elles s’appellent Calas, Crespin, Hendricks ou Caballé. L’électrocardiogramme de leur vie flirte avec le rouge, aussi bien que celui d’Annie Lenox, de Courtney Love ou de Sinead O’ Connor.
« Il faut être athlète complet » pour réussir dans ce métier, déclare le directeur d’Emi-France. Aujourd’hui, la belle voix ne suffit plus ; il est impératif d’y ajouter la sûreté dans les registres, la musicalité, la maîtrise des langues étrangères et l’expressivité, c’est-à-dire la capacité à « habiter » son répertoire.
Peu d’élues, donc, pour cette gloire dont elles rêvent si fort et beaucoup de revers cinglants. Combien de dépressions, d’échecs puis d’abandons pour une réussite à la Montserrat Caballé, petite fille pauvre, naguère, vivant aujourd’hui dans un palace, bel et bien comme la diva qu’elle voulait être ?.. D’ailleurs, Monserrat Caballé, elle-même, peut-elle concilier l’adulation surhumaine du public pour la déesse de l’opéra et son besoin, à elle, d’amour tout simple ?
Pour supporter, il faut accepter souvent d’endosser, d’investir un personnage romantique de prêtresse du drame et de la passion, dont peu sortiront indemnes, que le public leur reste fidèle ou non.
Agnès Gerhards, l’auteur a suivi au plus près les reines et les dauphines du chant, sur un chemin forcément tragique entre la musique, la gloire et l’épanouissement personnel. Pendant quatre ans, elle s’est immergée dans la galaxie « Divas » et nous restitue cette observation active d’une écriture fluide.
Vous ressentirez sans doute le contact chaleureux, empathique, qu’elle a pu établir avec ces inconnues pleines d’espérances et la trentaine de véritables divas rencontrées.
Vous imaginerez aussi l’énergie que requière la maîtrise du plus personnel des instruments, la voix, et l’exaltation que provoquent les incroyables gestes d’adoration du public, quand on est au sommet.
Le contraste entre les images de cantatrices, majestueuses devant leur public, et celles de chanteuses qui s’offrent simplement, « au naturel », aurait gagné à être plus illustré. Il souligne bien l’extrême de ce métier, la beauté et le risque de cet art.
Cet article a été rédigé pour le site Sincever par le rédacteur Ave